Magdi Widaatalla

Mon nom est Magdi Widaatalla. Je suis né et j’ai grandi à Portbail, un petit village dans le centre du Soudan en Afrique de l’Est. J’ai fait ma scolarité primaire et secondaire au Soudan. J’ai obtenu un B.Sc. en géologie avec distinction à l’University of Khartoum au Soudan. Puis, j’ai travaillé comme hydrogéologue pour une firme d’experts-conseils de Khartoum, la capitale. À cette occasion, j’ai beaucoup voyagé et j’ai visité de nombreux coins du Soudan pour assurer le suivi de forage de puits d’approvisionnement et de puits d’irrigation. À la fin de 1980, je suis allé en Arabie saoudite et j’y ai travaillé durant neuf ans comme expert-conseil.

J’ai émigré au Canada avec ma famille en 1997 et peu après je me suis joint à une firme d’experts-conseils de Markham en Ontario. En 1999 j’ai été accepté à la School of Graduate Studies et au Department of Geology de l’University of Toronto, où j’ai complété une M.Sc. en hydrogéologie en 2002. Après ma maîtrise, je me suis joint à Ame Engineering (firme d’experts-conseils) à Stouffville en Ontario, où j’ai travaillé jusqu’en 2003. En août 2003, j’ai été engagé par la Credit Valley Conservation à Mississauga en Ontario. Depuis 2005, je travaille comme hydrogéologue de bassin-versant pour la Ganaraska Region Conservation Authority (GRCA) à Port Hope en Ontario. Mon épouse Rehab Khahsif, nos quatre jeunes enfants (Meyada, Mohamed, Nahid et Badri) et moi vivons dans la belle ville de Cobourg en Ontario.

Je suis aussi un Licensed Professional Geoscientist et un hydrogéologue de l’Association of Professional Geoscientists of Ontario (APGO). Mon principal centre d’intérêt est l’hydrogéologie physique, la relation eaux de surface et eaux souterraines, et les études d’impact sur l’environnement.

C’est formidable de travailler comme hydrogéologue professionnel en Ontario, Canada. J’aime beaucoup mon travail et mon poste à la GRCA. C’est génial de travailler et de collaborer avec les membres de la direction de la GRCA, les employés, les municipalités et les résidents des bassins-versants. Les bassins-versants de la GRCA est pourvu de très beaux endroits, de cours d’eau très propres, de ruisseaux poissonneux, de vallées giboyeuses, et autres ressources.


Q : Quel est le titre de votre poste et que faites-vous?

R : À titre d’expert et hydrogéologue professionnel j’ai des tâches de gestion et je fais des études et de la recherche sur les eaux souterraines des bassins-versants de la Ganaraska Region Conservation Authority. Le titre de mon poste est hydrogéologue de bassin-versant. Je travaille aussi comme administrateur aux services de bassin-versant. Le département des services de bassin-versant est un département de services techniques qui compte 6 experts techniques en ressources, des techniciens et des technologues.

Q : Qui est votre employeur et où êtes-vous posté?

R : Je travaille pour la Ganaraska Region Conservation Authority (GRCA) à Port Hope en Ontario. La GRCA a été créé en 1946 et elle est l’une des plus anciennes Conservation Authority en Ontario. La superficie sous gestion par la GRCA couvre 935 km2 et va de la ligne de partage des eaux du ruisseau Wilmot à l’ouest aux lignes de partage des eaux des ruisseaux Cobourg et Baltomore à l’est, et de la crête de la moraine de Oak Ridge et du lac Rice au nord, jusqu’au lac Ontario au sud. Le mandat général de la GRCA est la conservation, la restauration, le développement et la gestion des ressources naturelles par bassin-versant tout en permettant l’usage public des terres sous sa juridiction. Cette « autorité » emploie 27 employés à temps plein et 17 saisonniers ou à temps partiel. Le bureau principal est situé à Port Hope (Hwy 401 et County Road 28), et le Ganaraska Forest Centre est situé sur le cours supérieur de la rivière Ganaraska, dans la moraine de Oak Ridge.

Q : Quelles sont vos heures travail?

R : Je travaille 35 heures par semaine, en general de 08h30 à 16h30 avec une pause dîner à midi.

Q : Où travaillez-vous?

R : Je travaille principalement à mon bureau. Parfois je me rends sur le terrain pour inspecter des sites et faire du travail de suivi des eaux souterraines.

Q : Quels équipements et machines utilisez-vous?

R : Au bureau, je travaille beaucoup sur mon ordinateur de bureau et sur mon portable. Ces deux ordinateurs sont montés avec une variété de logiciels d’analyse et de modélisation des eaux souterraines, et d’applications de SIG. Parmi ces logiciels il y a MODFLOW, FEFLOW, GMS, VIEWLOG, SiteFX, STATISTICA, AquaChem, MS Excel, Access, ArcView, ArcGIS, etc.

Sur le terrain, j’utilise une variété d’outils de surveillance, dont un niveau électronique, un enregistreur de niveau d’eau, des pompes à eau, des piézomètres, des détecteurs d’infiltration et autres instruments de surveillance et d’échantillonnage de l’eau souterraine.

Q : Quelle formation faut-il avoir pour faire votre travail?

R : Il faut au moins une formation universitaire de premier cycle (B.Sc.) avec une majeure en hydrogéologie ou en géologie.

Q : Quels traits de caractère faut-il avoir pour ce travail?

R : Pour travailler en hydrogéologie, il faut aimer le travail intellectuel, être patient, énergique et enthousiaste.

Q : Quelles portions de votre travail préférez-vous?

R : Le milieu de travail est génial et mes camarades de travail ainsi que les membres de l’équipe sont des personnes exceptionnelles. Le travail d’amélioration et de protection des eaux souterraines comporte l’étude de propositions, de plans, ainsi que la rédaction de rapports, etc. J’aime cette diversité de tâches.

Q : Quels sont les avantages de votre travail?

R : Les avantages et bénéfices sont nombreux. Entre autres, je peux rencontrer des collègues hydrogéologues, voyager et participer à des excursions (à l’université et maintenant au travail) assister à des conférences, profiter de séances de formation et séminaires, etc.

Q : Quelles sont le possibilités d’avancement dans cette carrière?

R : Le parcours de carrière normal commence en étant assistant-hydrogéologue, puis hydrogéologue, hydrogéologue principal, chef de projet e et même directeur.

Q : Votre travail est-il exigeant physiquement?

R : L’hydrogéologue qui travaille pour une Conservation Authority doit faire une partie de son travail sur le terrain. Par exemple, lorsque j’étudie un dossier et que je planifie des applications, il arrive que je doive faire des visites de sites pour observer le contexte géologique et hydrogéologique de même que les endroits plus sensibles écologiquement. Ce sont des occasions de marche de santé en plein air. Il y a aussi un peu d’effort physique pour les excursions de collecte de données et de suivi. Il faut alors pouvoir transporter de petites charges sur le terrain (par ex. des niveaux, de l’équipement de surveillance léger, outils de mesure, caméras, poste SPG, etc.)

Q : Pour quelles raisons avez-vous choisi cette carrière?

R : Lorsque j’étais enfant dans un petit village de la province centrale de Al Gazeera au Soudan en Afrique, je me suis toujours demandé d’où pouvait bien venir l’eau du puits de notre village et comment on faisait pour l’obtenir. Cette préoccupation allait être le point de départ de bien d’autre chose. Quand j’étais étudiant en géologie à l’University of Khartoum au Soudan, j’ai réalisé qu’il manquait à la fois de spécialistes des eaux souterraines et de sources d’eau potable. J’ai alors décidé de prendre des cours en hydrogéologie et sur les ressources en eau souterraine, je me suis spécialisé et j’en ai fait une carrière.

Q : Quel a été le moment/événement/endroit le plus marquant de votre vie de géoscientifique?

R : J’ai vécu plusieurs moments mémorable dans mes déplacements et au cours de mes travaux d’hydrogéologue, mais en voici deux. Le premier et le plus marquant de ceux-ci a eu lieu alors que je travaillais dans la province de Kordufan dans l’ouest du Soudan à la fin des années 1980. Je travaillais alors comme hydrogéologue avec une équipe de foreurs et de techniciens et nous faisions une série de puits d’eau pour un projet d’autoroute reliant la capitale Khartoum à la ville de Elobid au Kordufan. Nous étions vraiment « au milieu de nulle part » et nous vivions sous tentes dans la vallée de Abu Habil, une région vraiment sauvage. Je me souviens encore de magnifiques couchers de soleil et de la vue splendide que nous en avions à travers les Achaea (des arbres). Un jour, un vieil homme qui cultivait une ferme du voisinage est venu à notre camp pour me demander ce que nous faisions. Je lui ai alors expliqué que nous creusions un puits et que nous aimerions trouver de l’eau pour la construction de l’autoroute et que nous voulions en faire une source (station) d’eau potable pour la région. L’homme remettait en question la pertinence de notre travail et ne comprenait pas pourquoi nous creusions un puits alors qu’il y avait toute cette eau dans la rivière Abu Habil tout à côté. L’homme suggérait que nous cessions de forer et que nous prenions l’eau de la rivière d’à côté qui en avait plein. Il avait raison jusqu’à un certain point, mais cette rivière n’était qu’une source temporaire qui n’existait que durant la saison des pluies, et qui était complètement à sec en d’autres temps. Cette rivière était aussi imprévisible, très large et il était très difficile d’y pomper de l’eau. Cet incident m’a appris qu’il était très important de discuter avec les gens de l’endroit lors de travaux de terrain et d’essayer de comprendre leur point de vue.

Le deuxième événement mémorable est survenu à l’été 2005 alors que étions en train d’installer un piézomètre sur le lit d’un petit ruisseau (un instrument en forme de petit tuyau utilisé pour le contrôle de système d’eau souterraine peu profonde) près du lac Rice dans la région de la Ganaraska Region Conservation Authority (GRCA) en Ontario. J’avais avec moi un étudiant universitaire (emploi d’été) qui m’assistait alors. Puis un homme à bord d’un camion s’est arrêté à notre hauteur pour nous demander ce que nous faisions. Je lui ai expliqué que nous travaillions pour la GRCA et que nous installions un instrument de contrôle des eaux souterraines qui s’écoulaient dans le petit ruisseau. Puis l’homme nous a dit « Ça ne me dérange pas, mais soyez prudent parce qu’on a aperçu un ours la semaine passée qui se promenait dans le coin ». Ce que nous a dit cet homme nous a effrayé et nous avons immédiatement quitté l’endroit en emportant notre équipement. Il s’est avéré qu’il n’y avait pas d’ours dans la région et que l’homme voulait simplement que nous quittions le voisinage. Il semble qu’il ait eu des doutes sur nos intentions d’installer un piézomètre au milieu du ruisseau et qu’il n’ait pas cru qu’il y ait de l’eau souterraine qui coule dans le ruisseau. À cette occasion, j’appris qu’en tant qu’hydrogéologue il est très important d’expliquer au gens ce que vous faites, et en des termes qu’ils puissent comprendre, afin qu’ils réalisent la richesse de la ressources sous leurs pieds.

Q : Que conseillez-vous aux novices?

R : J’aime bien quand j’ai l’occasion de conseiller des Néo-Canadiens qui veulent travailler dans le domaine des sciences de la Terre. Étant un immigrant moi-même et ayant occupé différents postes en hydrogéologie tant au Canada qu’à l’étranger, je peux donner des conseils très utiles à mes frères immigrants. En voici quelques-uns :

  • Si possible (ou requis), essayez d’obtenir un diplôme d’une université canadienne (prenez des cours ou rehaussez votre certification en faisant une maîtrise par exemple) en géosciences. Cela vous aidera à comprendre la géologie du Canada, l’hydrologie et le marché des géosciences tout en vous permettant de tisser des liens professionnels, etc.
  • Faites en sorte de devenir un géologue professionnel. Obtenez un permis de pratique et devenez membre d’une association professionnelle, comme l’Association of Professional Geoscientists of Ontario (APGO) ou autres organismes similaires d’autres provinces canadiennes.
  • Essayez de comprendre le marché des géosciences au Canada en participant à des séminaires, ateliers et symposiums offerts sur les sites Internet de nombreuses universités, collèges et autres centres de formation.
  • Participez à des activités professionnelles spontanées, soirées, formations continues.
  • Joignez-vous à des associations comme International Association of Hydrogeologist - Canadian National Chapter (IAH-CNC). Aussi, devenez membre de club sociaux… comme Toastmasters, par exemple.
  • N’oubliez pas de faire du bénévolat partout où vous pourrez. Excellente occasion de créer des réseaux d’amitié et de connaître des possibilités d’emploi et d’activités, etc.
  • Faîtes-vous connaître dans votre communauté. N’oubliez pas que le Canada est un pays aux cultures multiples et que chacun doit contribuer à l’enrichissement de la culture générale.

Q : Un dernier commentaire?

R : Je suis si enchanté et reconnaissant de pouvoir travailler en géosciences et ce comme hydrogéologue professionnel au Canada. C’est génial de pouvoir travailler pour la Ganaraska Region Conservation Authority et de pouvoir agir en interaction avec son comité de direction, ses employés, les municipalités et les résidents de ses bassins-versants. La GRCA comportent de très beaux bassins-versants qui renferment des rivières, des ruisseaux poissonneux et des vallées vierges giboyeuses. Ces bassins-versants ont des eaux de surfaces et souterraines aux caractéristiques d’écoulement et aux qualités exceptionnelles. J’aime vraiment travailler pour la GRCA et vivre dans cette magnifique région de l’Ontario.